Essai : Energica Experia

Inventer un nouveau segment n’est pas à la portée de tout le monde. Bien que cela fasse une fameuse différence si vous pouvez innover : Depuis quelques années, Energica produit des motos électriques de haute qualité. Aujourd’hui, avec son Experia, elle propose la première “Tourer Adventure” au monde. Une moto de tourisme avec un moteur électrique, en d’autres termes. Nous avons découvert ce nouveau concept dans les Dolomites.

Les images du communiqué de presse d’il y a quelques semaines nous avaient fait froncer les sourcils et hocher la tête avec approbation, mais l’Energica Experia est également ravissante en chair et en os. Du profil élancé (grâce au nouveau cadre et à la nouvelle disposition du moteur et de la batterie), à l’appétissante (et unique) palette de couleurs avec les autocollants soigneusement placés sous la peinture, aux lignes sans ambiguïté qui semblent avoir été créées durant une nuit d’orage sous l’influence de la S 1000 XR BMW et de la Ducati Multistrada. Tout est soigneusement dissimulé, le choix des matériaux ne laisse rien à désirer et même le tableau de bord a été profondément remanié par rapport à ses aînés. Bon travail.

Nouvelle plateforme

Au premier abord, une réussite. Mais ce qui se cache sous cette peau relativement désirable est évidemment plus important. C’est là qu’Energica surprend quelque peu. Tout d’abord, cette moto est dotée d’une toute nouvelle plate-forme. Qui comporte une batterie de 22,5 kWh (la plus grande du marché motos), un tout nouveau moteur à réluctance synchrone assisté par aimant permanent (PMASynRN pour les intimes), plus petit et tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, ainsi qu’un tout nouveau cadre. L’ensemble est de construction étroite et placé plus en arrière. Le centre de gravité est beaucoup plus favorable que sur la génération précédente de l’Energica. 

La puissance maximale du nouveau moteur est de 102 ch (80 ch en continu) et le couple diminue sensiblement, passant de 215 Nm sur l’Eva Ribelle à “à peine” 115 Nm. C’est encore plus qu’il n’en faut pour propulser le pilote au moindre coup d’accélérateur de cette moto de 260 kg. Je ne me plains pas, loin de là. Même si c’est une corvée de relever l’Experia de sa béquille latérale et de s’installer sur la selle perchée à 847 mm. Heureusement, cette selle est bien étroite – tout comme le cadre, d’ailleurs – ce qui permet de poser facilement les deux pieds à plat sur le macadam. Compte tenu du poids, ce n’est pas mal du tout. 

R pour reverse

Une fois derrière le pare-brise de bonne dimension, le tableau de bord affiche une charge rassurante de 99 %, ce qui, selon l’ordinateur de bord, devrait permettre de parcourir 292 kilomètres. Un calcul qui tient vraisemblablement compte du profil de roulage – et de consommation – du précédent journaliste ayant testé cette machine. Une bonne base de départ. 

L’Energica Experia propose plusieurs modes de conduite. Il y a pas moins de sept (!) options à choisir, dont quatre modes préprogrammés (Eco, Wet, Urban et Sport) et trois autres modes de conduite entièrement réglables. Selon votre choix, vous pouvez travailler avec l’antipatinage et la régénération, respectivement avec six et quatre niveaux. Plus qu’assez pour personnaliser entièrement l’Experia. Nous avons déjà mentionné le poids considérable à l’arrêt ou en manœuvre lente, mais Energica a une solution intéressante pour cela.

Avec une marche arrière sur l’Experia. Comme ce que l’on trouve sur les (très) lourdes motos de tourisme comme la Honda Gold Wing par exemple. Freinez, appuyez sur le bouton de démarreur pendant quelques secondes et, au lieu de la flèche verte qui indique habituellement que l’Experia est prête à partir (et oui, pas de bruit d’échappement), le tableau de bord affiche un “R” pour marche arrière. Ce n’est pas pour autant que les 115 Nm vous catapultent en arrière, heureusement. Une allure d’escargot vous permet d’accéder facilement à la place de stationnement prévue ou de sortir de votre garage. C’est bien. 

Sans freins

Quoi qu’il en soit, Energica nous invite pour cet essai a faire le tour de l’illustre Sellaronda, alors pour des raisons de commodité, je choisi le mode de conduite Urban – disons le mode standard ou mode street chez la plupart des concurrents – combiné avec le mode de régénération B1. Un réglage minimal, où vous sentez à peine la puissance de freinage. Au début, nous empruntons pas mal de montées et ce mode me permet de maintenir une bonne vitesse en virage, mais je le troque rapidement pour le B3, beaucoup plus utile. Cela régénère/ freine beaucoup plus, ce qui, même avec la moto pointée vers la vallée, signifie que vous n’avez à utiliser que le frein arrière pour aborder un virage.

Même si vous arrivez à grande vitesse dans celui-ci. Ce sentiment est merveilleux ! Et tant mieux pour la batterie, ce qui augmente considérablement l’autonomie. Petite remarque, les feux stop s’allument dès que vous relâchez l’accélérateur. Vous tournez légèrement la poignée d’accélérateur, et la moto vous propulse immédiatement vers le virage suivant tout en souplesse avec une montée en puissance parfaitement linéaire. C’est génial. Habituellement, rien de tel que le rugissement d’un silencieux dans ces conditions, mais la puissance initiale de cette “centrale électrique” compense largement.

Le bon “équipement”

Il faut plus de temps pour s’habituer à l’autonomie, qui – contrairement aux modèles à moteur thermique – varie rapidement. Surtout après le col Gardena, et juste avant le col Sella, nous en profitons d’ailleurs pour passer en mode Sport. L’Experia devient plus réactive – tant à l’ouverture qu’à la fermeture des “gaz” – mais le pourcentage de charge restant chute également de façon sportive. Nous repassons donc rapidement au mode Urban, ce qui est plus que suffisant pour ce petit périple. Après avoir également dévoré le col Pordoi et le col de Campolongo, nous redescendons au point de départ. Là, le compteur kilométrique n’affiche que 61 kilomètres, alors que la batterie est encore aux trois quarts pleine.

Permettez-nous de nous faire l’avocat du diable ! 60 kilomètres d’essai ne suffisent pas pour tirer des conclusions définitives. Et si Energica voulait vraiment montrer le potentiel de sa moto Tourer Adventure, elle nous aurait laissé rouler jusqu’à ce que la batterie tombe en dessous de 5 %. Comme ce n’était pas le cas, nous ne pouvons que tirer une conclusion prudente : une bonne soixantaine de kilomètres avec 25 % de la charge maximale consommée, cela donne – en tenant compte de l’altitude et du poignet droit sportif – une autonomie théorique d’environ 240 kilomètres, c’est assez proche des chiffres annoncés par le constructeur. Avec les 1200 cycles de recharge promis (soit un quart de million de kilomètres) et l’entretien réduit à sa plus simple expression, le propriétaire aura de quoi se réjouir.

Tourer Adventure idéale ?

En somme, cette moto électrique est parfaitement adaptée à un usage tourisme : du couple et de la puissance à portée de main sans déranger les habitants de la vallée et les montagnards durant votre assaut vers le maillot à pois. La suspension est peut-être un peu rigide pour faire face au poids élevé de la moto, mais elle est suffisamment confortable et stable pour les randonnées un peu difficiles. Sa maniabilité est étonnante (compte tenu de son poids) et avec le frein moteur réglable sur ‘B3’ (le réglage de régénération le plus élevé), même dans les descentes, vous n’avez souvent pas besoin de toucher les freins avant le prochain virage.

Et si vous devez freiner, il est agréable de constater que le système de freinage répond à vos attentes. Cependant, l’absence de frein de stationnement est regrettable. Ainsi, lorsque vous garez votre Experia en pente, vous devez compter sur la chance pour ne pas la retrouver ensuite dans un ravin. Ce genre de choses n’est pas à dédaigner, surtout sur une moto sensée vous emmener en montagne.

Patience

Pour ceux qui sont impatients de mettre la main sur l’Experia après cet essai, il faudra attendre un peu : les premiers exemplaires de cette édition de lancement (comprenant un régulateur de vitesse, des poignées chauffantes, quatre ports de charge USB et un ensemble de sacoches) ne seront pas construits avant juillet au plus tôt et ne seront pas attendus chez les concessionnaires avant septembre 2022. Cette édition spéciale sera disponible au tarif de 25 590 euros, hors TVA. Si l’on ajoute les taxes, l’Energica Experia coûtera un peu moins de 31 000 euros. Les plus patients pourront faire une bonne affaire avec la version de base annoncée à 23 685 euros, hors TVA, et qui devrait être commercialisée en 2023. Il faudra également tenir compte des primes/avantages fiscaux prévus pour les motos électriques…

Temps de recharge

Bonne nouvelle pour les clients du monde entier : vous pouvez charger votre Energica Experia en utilisant toutes les méthodes de charge existantes. Sur le chargeur rapide à courant continu (niveau 3 mode 4), la batterie se charge à un rythme de 6,7 km par minute, soit la charge maximale théorique de 420 kilomètres après une heure et trois minutes (si mes calculs sont bons). Ceux qui ont moins de temps peuvent recharger rapidement jusqu’à 80 % en 40 minutes. Pas de borne de recharge rapide à proximité ou à la maison ? Pas de problème, la prise domestique permettra de recharger à un rythme de 63,5 km par heure. Soit, 6,5 heures pour une batterie pleine (le temps d’une nuit). La seule question qui reste est de savoir si en Belgique, et par extension en Europe, il y a suffisamment de bornes de recharge rapide pour entreprendre sans souci un voyage vers les Dolomites !


Conclusion

Hormis le poids important à l’arrêt ou lors de manœuvres lentes, le prix élevé, la nécessité de disposer d’une infrastructure de recharge (rapide) supplémentaire et l’absence de frein de stationnement, il n’y a guère de raisons de se plaindre de cette toute première moto de tourisme électrique. Même si je la vois surtout comme la moto que l’on met sur une remorque, pour atteindre son lieu de villégiature, il faut être réaliste. Néanmoins, avec son autonomie, vous serez à l’aise dans les Dolomites, par exemple, pendant une journée – ou du moins jusqu’à une généreuse et rafraîchissante pause déjeuner – avec un plaisir différent. A découvrir !

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