En visite chez MV Agusta

MV Agusta vient de changer de mains. Désormais, l’Autriche – en d’autres mots le groupe Pierer Mobility AG, également à la tête de KTM – a pris les commandes du navire italien. Pour sentir les premiers effets, quelques journalistes triés sur le volet, et donc particulièrement privilégiés, ont été conviés. Au programme : deux journées intenses sous la bannière MV Agusta. Motor.nl faisait bien évidement partie des heureux élus.

Le QG d’MV Agusta, en bordure du lac de Varese.

TEXTE LAURENT CORTVRINDTPHOTOS MV AGUSTA

Casque : AGV SportModular – Veste : Alpinestars Zaca Air – Pantalon : Bolid’Ster Ride’Ster III – Chaussures : Alpinestars Faster-3 – Protection : Dainese Smart Jacket

Pour ma toute première présentation moto – c’était il y a déjà plus de 10 ans -, je m’étais rendu chez MV Agusta, à Schiranna, près de Varese, en Italie, afin de découvrir la Brutale 675. J’étais donc particulièrement curieux à l’idée de revenir sur les lieux de mes débuts dans la presse moto. Car depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Ou plutôt dans le lac de Varese, face auquel se dressent les bâtiments historiques de l’entreprise. Et le navire MV Agusta a sérieusement tangué, essuyant quelques belles tempêtes. En effet, si l’histoire de la marque de motos créée par Domenico Agusta en 1945 n’a rien d’un long fleuve tranquille, les deux dernières décennies fut particulièrement agitée pour ce constructeur iconique.

Stupeur

Jugez plutôt : rachetée par le malaisien Proton en 2004, revendue à une société d’investissement italienne en 2006, reprise par Harley-Davidson en 2008, puis par Claudio et Giovanni Castiglioni en 2010 via une holding familiale, avant d’arborer – en partie – les couleurs de Daimler-Benz, en 2014, et de la Russie grâce à la famille Sardarov, en 2017. Si vous suivez encore, je vous félicite. Car même les plus tatoués MV y perdent leur latin… Et ce n’est pas tout ! Fin 2022, un communiqué de presse a secoué le monde de la moto. Pierer Mobility AG, la société mère qui possède KTM, vient d’acquérir une participation importante dans MV Agusta. Stupeur !

Le passé récent d’MV fut plutôt mouvementé…

Dans le cadre de ce partenariat stratégique, KTM AG fournira à MV Agusta un soutien en matière de chaîne d’approvisionnement et prendra en charge les achats. En outre, MV Agusta distribuera partiellement sa gamme de produits par le biais du réseau de distribution mondial de Pierer Mobility. Un énième rebond dans l’histoire de MV Agusta ? Ou, enfin, le bon mariage qui permettra enfin au constructeur italien de pérenniser son existence. L’avenir nous le dira assez rapidement. En tout cas, le groupe Pierer semble sûr de son coup. Ne cherchez pas plus loin la raison de notre présence à Varese…

Entre les caisses

En arrivant sur place, je constate que les lieux n’ont pas tellement changé. Les hangars et les bâtiments jouxtent toujours le lac de Varese. Les dégâts causés fin 2014 par une crue exceptionnelle ont néanmoins disparus. L’équipe qui nous accueille semble avoir mis le paquet pour nous rassurer. La conférence de presse a lieu dans un hangar aménagé pour l’occasion, au milieu des caisses prêtes à l’expédition. Le message est clair : les MV Agusta sortent des chaines de production et sont acheminées dans le réseau, partout dans le monde, comme en témoignent les étiquettes sur les caisses.

Voilà un premier bon point car dans un passé récent, l’approvisionnement posait problème dans certains pays. Luca Martin, Board Member / COO MV Agusta ; Timur Sardarov, CEO MV Agusta et Florian Kecht, Member of the Executive Board / CSO se succèdent sur le podium pour nous parler, tour à tour, de passion, d’exclusivité, d’artisanat, d’histoire, de compétition (38 titres pilotes, 37 sacres constructeurs, 270 GP, 3.028 podiums), de globalisation, d’innovation, de concessions et de marques.

Ambition débordante

Ces personnes haut placées dans l’organigramme en profitent également pour rappeler quelques points essentiels à leurs yeux. Premièrement, en ces lieux, MV Agusta ne construit pas uniquement des motos. MV Agusta fabrique des émotions. Et puis, ici, on ne parle plus de motos ou d’unités. Mais d’œuvre d’art. Marketing, quand tu nous tiens… Mais en définitive, ce discours marketing n’est pas surfait, bien au contraire. Si le groupe Pierer s’est lancé, ce n’est pas pour transformer l’ADN de MV Agusta. C’est pour positionner MV encore davantage comme la marque italienne de motos de luxe offrant un package performance exclusif. Et les Autrichiens ne manquent pas d’ambition. Leur but est clairement affiché sur un slide de la présentation à laquelle nous avons droit : Pierer AG veut devenir le leader global de l’industrie des deux-roues motorisés. Ni plus, ni moins.

L’usine

Avant de nous mettre en route, nous avons droit à une visite guidée de la chaîne de production. Histoire de vérifier de nos yeux que les MV Agusta sortent bien d’usine et que les caisses que nous venons de quitter n’étaient pas vides ! Le site de Schiranna s’étend sur quelque 130.000 m², dont plus de 15.000 m² de surfaces couvertes. La capacité de production peut s’élever à 15.000 “œuvres d’art” par an, grâce à deux chaînes de montage. La production totale restera néanmoins bien en deçà. Nous voici déambulant au milieu des opérateurs, occupés à assembler une série de Brutale. Plus loin, nous assistons à la vérification du système ABS, dans une cabine spéciale. Nous sommes loin des énormes usines standardisées et ultra robotisées d’où sortent des centaines de milliers de machines à une cadence infernale. Ici, l’humain a encore sa place à de nombreux postes.

D’ailleurs, les pilotes MV Agusta en WorldSSP, Marcel Schroetter et Bahattin Sofuoglu, qui viennent de décrocher 4 podiums, dont 1 victoire, à Catalunya accompagnent notre groupe. Et immédiatement, les opérateurs quittent leur postes pendant quelques secondes pour demander un selfie à leurs héros qui défendent les couleurs de la marque avec brio en compétition. L’ambiance semble détendue. Actuellement, le réseau MV Agusta mondial est constitué de 180 concessionnaires, dont 65% en Europe, 10% en Australie et 25% en Amérique du Nord et du Sud, le marché le plus prometteur pour MV Agusta.

Quatuor

Sur le vaste parking, une quinzaine de motos nous attend. Des Dragster RR SCS, des Superveloce, des Turismo Veloce Lusso SCS et des Brutale 1000 RR. Au programme du jour, le tour quasi complet du lac Majeur. Superbe région s’il en est, mais pour des bécanes qui développent 200 chevaux, disons que l’horizon n’est pas suffisamment large. Je me change donc rapidement et avant mes camarades de jeu pour sauter sur une Turismo Veloce. Dans la famille MV, c’est ma préférée. Une moto légère, sportive, réactive et confortable si l’on n’est pas trop grand. En plus, notre modèle d’essai bénéficie du Smart Clutch System. Vous débrayez, vous démarrez la moto et puis… vous ne touchez plus à l’embrayage, même au feu rouge ! Vous montez et descendez les vitesses aisément grâce au quickshifter et le système se charge du reste.

Sans la main

En clair : plus besoin de passer en neutrale quand on s’arrête ou d’empoigner le levier pour éviter de caler. Le SCS s’en charge automatiquement. Si pour les démarrages sportifs le système me fait perdre quelques centimètres sur mes collègues, en ville, son agrément s’avère tout à fait intéressant. Autre point agréable de la Turismo Veloce : ses valises latérales parfaitement intégrées. Comme un chat, si le guidon passe, tout passe. Elles sont donc minuscules, me direz-vous ? Que nenni ! Un sac à dos ou un intégral rentre dedans !

La Turismo Veloce, ici en version Lusso SCS.

Après plus de 4 heures en selle et quelque 180 kilomètres, je suis encore frais comme un gardon pêché dans le lac. Il est vrai qu’avec sa bulle aisément réglable, la Turismo Veloce offre une bonne protection. Sur la Superveloce qui m’attend ensuite, c’est une autre histoire. Rarement une moto a tant fait l’unanimité pour sa ligne. Ici, on comprend vraiment le message passé à l’usine : c’est bel et bien une œuvre d’art ! Par contre, je ne resterais pas longtemps en selle. Pour partir de chez moi et rejoindre les potes au restaurant ou à une concentration. Mais pas beaucoup plus loin. La position sportive se montre rapidement exigeante pour les poignets et le dos. Et sur les routes bosselées de la région, je regrette vite l’autre Veloce, la Turismo.

La Superveloce : une beauté exigeante.

Bomba

La Brutale a besoin de grands espaces pour s’exprimer.

La Brutale 1000 RR est le genre de roadster qui peut rapidement vous donner le tournis. Quatre cylindres, 998 cc, 186 kilos à sec et, surtout, 208 chevaux à 13.000 tr/min. La vitesse maximale dépasserait 300 km/h. Sur un roadster, c’est totalement absurde. Et dans les petits lacets de montagne que nous empruntons en ce deuxième jour de roulage, vers les hauteurs derrière Stresa, je peine à passer la troisième vitesse. Ce monstre me catapulte de virage en virage, tel un missile qui ne demande qu’à décoller vers le ciel. Position de conduite extrême, moteur rageur, je rends rapidement la main pour rouler sur le couple. Et à la première pause café, je saute sur une Dragster. Trois cylindres, 798 cc et 140 chevaux. C’est toujours beaucoup trop puissant pour l’environnement où nous roulons mais je m’amuse nettement plus. J’ai déjà gagné 11 kilos en changeant de moto. Mais surtout, je préfère la position, certes typée streetfighter mais sans s’avérer trop radicale, ainsi que la pédale de frein arrière mieux positionnée que sur la Brutale.

La Dragster, une agréabe surprise.

No show au musée

Notre visite au pays d’MV Agusta n’aurait été complète sans un rapide passage au musée, situé à Samarate, à un jet de pierre de l’aéroport de Linate. Nous étions censés y rencontrer la légende Giacomo Agostini, qui a engrangé une quantité impressionnante de succès avec MV Agusta. Malheureusement, les palabres préalables à la visite s’éternisant, nous comprenons rapidement que le champion ne se présentera pas.

Qu’à cela ne tienne, nous découvrons ce mélange d’hélicoptères, de motos et de trophées qui résument parfaitement l’histoire d’un nom qui fait rêver dans le ciel et sur les routes depuis plus de 100 ans. Un déménagement du musée serait dans les plans de Pierer Mobility AG afin de tout concentrer sur le pôle de Schiranna. Affaire à suivre. Affaire également à suivre pour les autres facettes de ce mariage étonnant. Tout est sur la table pour que d’excellents résultats soient générés. À condition que les équipes parviennent à travailler ensemble et à se nourrir de leur expertise respective !

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