Essai comparatif : Kawasaki Ninja 1000SX vs Suzuki GSX-S1000GT

Les motos de Sport Touring n’ont plus le vent en poupe depuis pas mal d’années. Avec les twins BMW R 1250 RS et KTM 1290 Super Duke GT, on ne trouvait plus sur le marché qu’une seule représentante de la famille des quatre-cylindres, la Kawasaki Ninja 1000SX. C’est ce qui a sans doute poussé Suzuki à sortir cette année la GSX S1000GT.

Histoire de guidon

Ce n’est un secret pour personne que Suzuki s’est inspiré de la Ninja 1000SX pour créer la GSX-S1000GT. Il s’agit d’une moto sportive, équipée d’un carénage, dotée d’un puissant quatre cylindres, de sacoches rigides et d’une position de conduite droite et confortable. Ce dernier point en surprend plus d’un, car on ne s’attend pas à être assis confortablement sur une moto qui ressemble à une supersport. La différence entre les deux types de motos est la hauteur du guidon, ce qui signifie que vous n’êtes plus “couché”, mais “assis” avec le dos assez droit.

Yamaha R1, c’est toi ?

Tout comme Kawasaki qui a basé la SX sur le moteur et le cadre de la Z1000, Suzuki fait de même avec le roadster GSX-S1000. Visuellement, elles sont très différentes, mais pour le reste, elles sont pratiquement identiques. Alors que Kawasaki s’inspire du style de la gamme Ninja – bien que la ZX-10R actuelle ait un look différent – Suzuki opte pour quelque chose d’un peu différent. Un avant agressif avec deux phares LED légèrement cachés de chaque côté. Où avons-nous déjà vu cela auparavant ? Bien évidement sur la Yamaha R1. Nous ne serions même pas surpris que les phares soient exactement les mêmes que ceux utilisés par Yamaha, mais cela n’a pas d’importance. En tout cas, nous pensons que la Suzuki a un aspect différent, original et réussi. La Ninja 1000SX a une silhouette typique de la famille Kawasaki, ce qui la rend immédiatement reconnaissable. La couleur verte typique aide aussi, bien sûr. Sur la Suzuki, les gens doivent généralement s’y reprendre à plusieurs fois avant de reconnaître une production d’Hamamatsu.

Les différences sur le papier

Si l’on regarde sur le papier les différences entre ces deux concurrentes, elles sont très faibles. La Kawasaki a une cylindrée supérieure de 44 cm3 et un couple supérieur de 5 Nm, la Suzuki est plus puissante de 10 ch. L’équipement électronique est à peu près le même. Sur la Suzuki, vous êtes assis 25 mm plus bas et elle est plus légère de 9 kg. La capacité du réservoir est la même, soit 19 litres. La Kawasaki est 500 euros plus chère en Belgique. Dans l’ensemble, il s’agit de petites différences, de sorte qu’en pratique, vous vous attendez à la même chose. Mais ce n’est pas le cas ici, car vous êtes confrontés à deux personnalités nettement différentes. Cela commence dès que les quatre cylindres démarrent. La Kawasaki riche en cm3 a un son doux et moelleux, tandis que la Suzuki est instantanément plus agressive. Quand on roule, on le remarque aussi. La GSX-S1000GT sonne comme un moteur de course, ce qu’elle est essentiellement, alors que la Ninja 1000SX est beaucoup plus civilisée.

Le passager est roi

La position de conduite n’est pas sans importance pour ce type de motos. Le fait d’être 25 mm plus bas sur la Suzuki est immédiatement perceptible. Vous êtes plus “dans” la moto et si vous êtes de grande taille, vos genoux en prennent davantage un coup que sur la Kawasaki plus haute. Sur les deux machines, votre dos est bien droit, ce qui vous permet de parcourir des centaines de kilomètres par jour sans trop souffrir du dos ou des fesses. En tant que passager – peut-être même plus important que votre propre position de conduite, selon le degré d’exigence de votre partenaire – il sera difficile de choisir une gagnante. Les selles sont à peu près de la même longueur, largeur et épaisseur. Vous pouvez vous agripper à la Kawasaki via les côtés de la selle, tandis que la Suzuki dispose de deux poignées pratiques à l’arrière, qui permettent de s’accrocher plus facilement. Ce qui est dommage sur la Ninja 1000SX, c’est que les valises latérales ne permettent pas au passager de placer ses pieds assez loin en arrière. Du coup ceux-ci touchent les talons du pilote. Ce n’est pas le cas sur la GSX-S1000GT. La Kawasaki offre un peu plus d’espace pour bouger. Sur la Suzuki, vous êtes plus “collé” contre le pilote. Conclusion ? Sur l’autoroute ou avec un conducteur non sportif, nous préférons être assis en tant que passager sur la Kawasaki. Si votre partenaire/conducteur préfère utiliser un peu plus la poignée d’accélérateur et évite autant que possible les autoroutes, il est alors plus facile de se caler sur la Suzuki.

Jamais trop rapide

De l’arrière vers l’avant et de gauche à droite. Nous occupons de nouveau la selle du pilote et attaquons les nombreuses routes sinueuses des Ardennes belges. Dans cet exercice, les différences sont beaucoup plus apparentes. Sur la Kawasaki, on a l’impression d’être sur une machine très évoluée. Elle est bien équilibrée, facile à contrôler et vous donne la confiance nécessaire pour exploiter pleinement ses capacités sportives. Ce n’est jamais trop rapide ou trop agressif, c’est simplement bien contrôlé.

Comme Maverick dans Top Gun

La Suzuki ressemble davantage à une nouvelle venue enthousiaste qui veut immédiatement montrer ce dont elle est capable. Comme le jeune Maverick dans le premier Top Gun qui veux montrer ce qu’il sait faire. Comme un apprenti d’arts martiaux qui apprend de son grand maître japonais pour devenir encore meilleur et plus sage. La GSX-S1000GT offre une direction plus incisive, un meilleur retour d’information et une sensation générale plus sportive. À plein régime, la roue avant décolle plus rapidement du sol et est plus réactive. Vous sentez que la Suzuki doit emporter moins de poids, tout est un peu plus facile. Non pas que la direction de la Kawasaki soit ennuyeuse, au contraire, mais la différence est perceptible. Cette sensation plus directe se traduit également avec les accélérations. Sur chaque rapport, les deux motos sont à peine à un mètre l’une de l’autre, mais sur la Suzuki, tout semble beaucoup plus rapide. Elle offre plus de sensations, là où la Kawasaki se sent plus calme et plus mature. Seule la différence sur le sixième rapport est très importante, la Suzuki avance comme si elle avait 50 chevaux de plus. Un rapport de boîte de vitesses plus court peut en être la cause. Une fois sur routes sinueuses, les deux Japonaises ne diffèrent guère en matière de vitesse. Sur la Suzuki, c’est l’excitation, sur la Kawasaki, la sécurité. En parlant de sécurité, les freins des deux machines font un excellent travail. RAS.

Les pare-brises, une question difficile

Sur les nationales et sur l’autoroute, les deux machines offrent un excellent contrôle de la vitesse et un grand confort. Mais il y a une grande différence : le pare-brise. Celui de la Kawasaki est réglable, mais celui de la Suzuki est – de manière incompréhensible – fixe. Vous ne pouvez pas le dévisser et le mettre dans une autre position. Non, c’est comme ça. Une bulle haute est disponible en option, mais elle n’améliorera pas vraiment l’apparence de votre belle machine. Cependant, le pare-brise de la Ninja 1000SX n’est pas non plus exempt de commentaires. Il est réglable, mais nécessite les deux mains. Donc pas très pratique en roulant. En termes de protection contre le vent, la Kawasaki est le meilleur choix. En position basse sur la Kawa, la prise au vent est très similaire entre les deux motos, mais si passez en position haute, forcement vous avez moins de vent au guidon de la Ninja. Sur les longs trajets (sur autoroute), cela fait toute la différence.

Le meilleur quickshifter qui soit

Les autres différences qui méritent d’être prises en compte sont le quickshifter. C’est là que Suzuki gagne, sans aucun doute des points. Les vitesses passent en douceur, toujours bien et de manière particulièrement agréable. Même en passant de la première à la deuxième vitesse à bas régime, il fonctionne toujours comme il le devrait. Le changement de vitesse n’est pas hyper rapide, mais il n’est jamais d’une lenteur inquiétante. Sur la Kawasaki, le quickshifter au toucher un peu rude, montre parfois des signes de défaillance, passant à un moment donné, puis plus difficilement ou même pas du tout. Il fait le job mais il n’est pas aussi efficace que celui de la Suzuki. Après cet essai, nous sommes même arrivés à la conclusion que le quickshifter de la Suzuki GSX-S1000GT est l’un des meilleurs que nous ayons jamais utilisés. Beau travail (d’ajustement) !

Finitions

Autre point : la finition. C’est là que Kawasaki obtient ses meilleurs résultats. La finition est en effet très soignée, avec de beaux matériaux et un grand souci du détail. Les commodos au guidon, par exemple, semblent plus modernes sur la Green. La Suzuki est un peu inférieure à ce sujet. Des boulons qui dépassent, des câbles qui traînent et une construction généralement plus grossière. Cela vous dérange ? Pas en conduisant, mais seulement en regardant.
Sur le plan électronique, les deux machines disposent de modes de conduite réglables et d’un contrôle de la traction, mais Suzuki y ajoute ses deux gadgets bien connus : l’assistance à bas régime, qui empêche de caler au démarrage, et le démarrage facile du moteur, avec une simple pichenette sur le bouton du démarreur.

Bagagerie

Les valises latérales sont en option sur les deux motos. Les valises à l’allure plus dynamique de la Ninja 1000SX ont chacune un volume de 28 litres, tandis que les valises plus rectangulaires de la Suzuki font 36 litres chacune. Les deux utilisent un système monokey et sont très faciles à utiliser. Pour la Suzuki, vous devez acheter un support supplémentaire avec les valises. Si vous roulez ensuite sans les sacoches, vous pouvez clairement voir les fixations. Sur la Kawasaki, le montage est plus discret.
Pour le reste, les deux motos sont équipées d’un écran TFT. Chaque marque utilise sa propre mise en page. Les deux sont très bien.

Conclusion

Laquelle vous tente le plus ? Nous nous attendions à ce que ce choix soit difficile, mais il ne l’est pas vraiment. Il n’y a pas de gagnante ou de perdante de toute façon, car aucune des deux machines n’est parfaite. Elles ont toutes deux leurs forces et leurs faiblesses, mais rien de suffisamment bouleversant pour faire la différence. En résumé, si vous recherchez le “sport” dans “sport touring”, optez pour la Suzuki. Elle est plus directe, possède un quickshifter phénoménal et offre plus de sensations. Ses valises latérales sont plus grandes et vous pouvez mieux vous tenir en tant que passager. Malheureusement, le pare-brise n’est pas réglable. Si vous préférez le “tourisme”, alors la Kawasaki vous conviendra mieux. Elle semble plus mature et plus équilibrée, sans être ennuyeuse, et a prouvé au fil des ans qu’elle était une excellente machine. Vous êtes assis un peu plus haut que sur la Suzuki, ce qui est plus confortable pour vos genoux, et elle est un peu plus facile à dompter. Alors si vous hésitez entre ces deux motos, ce qui est parfaitement possible, un grand conseil : testez et voyez quelle machine vous convient le mieux.

Photo : Jarno van Osch

Les + et les –

Kawasaki Ninja 1000SX

+ Maturité, facilité de conduite, confort

– Pare-brise réglable à deux mains seulement, position des repose-pieds du passager

Suzuki GSX-S1000GT

+ Dynamisme, quickshifter, look d’origine.

– Pare-brise non réglable, finition

Données techniques Kawasaki Ninja 1000SX

MOTEUR    

Type: Quatre cylindres en ligne 4 temps à refroidissement liquide

Cylindrée : 1.043cc

Puissance maximum : 142 ch (104,5 kW) à 10,000 tr/min

Couple maximum : 111 Nm à 8,000 tr/min

Boîte de vitesse : à 6 rapports

Entraînement final : Chaîne

PARTIE-CYCLE

Cadre : Doubles tubes, aluminium

Suspension avant : Fourche inversée de 41 mm entièrement réglable, déb. 120 mm

Suspension arrière : De type Back-link horizontale avec amortisseur à gaz, déb. 144 mm

Frein avant : Doubles disques semi-flottants de 300 mm. Deux étriers monoblocs radiaux à 4 pistons opposés, ABS

Frein arrière : Simple disque de 250 mm, ABS

DIMENSIONS

Empattement : 1 440 mm

Hauteur de selle : 835 mm

Poids : 235 kilos TPF

Réservoir : 19 litres

TARIF ET DISTRIBUTEUR

Prix : à partir de 14 799 €

Importateur : Kawasaki Benelux

Données techniques Suzuki GSX-S1000GT

MOTEUR    

Type: Quatre cylindres en ligne 4 temps à refroidissement liquide

Cylindrée : 999 cc

Puissance maximum : 152 ch (112 kW) à 11.000 tr/min

Couple maximum : 106 Nm à 9.250 tr/min

Boîte de vitesse : à 6 rapports

Entraînement final : Chaîne

PARTIE-CYCLE

Cadre : Double longeron en aluminium

Suspension avant : Fourche inversée de 43 mm entièrement réglable, déb. 120 mm

Suspension arrière : Monoshock, réglable en précharge et rebond, déb. 130 mm

Frein avant : Doubles disques de 310 mm avec étrier Brembo à quatre pistons, ABS

Frein arrière : Simple disque de 240 mm avec étrier à un piston, ABS

DIMENSIONS

Empattement : 1 460 mm

Hauteur de selle : 810 mm

Poids : 226 kilos TPF

Réservoir : 19 litres

TARIF ET DISTRIBUTEUR

Prix : à partir de 14 299 €

Importateur: Moteo

Internet: www.suzuki2wheels.be