Essai exclusif de la Yamaha Tracer 700 2020 : Toujours aussi ambitieuse !

La Tracer 700 trône parmi les valeurs sûres du constructeur aux trois diapasons. Et cette année, elle reçoit une première mise à jour placée sous le signe de l’originalité. C’est dans des circonstances un peu rocambolesques que nous avons découvert cette nouvelle Yamaha à Tenerife.

La Yamaha Tracer 700 a débuté sa carrière en 2016. Suivant le même principe que pour la Tracer 900 dérivée de la MT09, Yamaha a judicieusement transformé un roadster sportif (en l’occurrence la MT07) en routière ludique. Une recette qui a immédiatement connu un succès amplement mérité. Mais après quatre années de bons et loyaux services, il était temps pour Yamaha de “rafraichir” un peu ce modèle phare de sa gamme Sport Touring.

Un regard de félin

Notons au passage que le moment était bien choisi car Yamaha a profité de ce lifting pour adapter la Tracer 700 à la norme Euro5. L’excellent bicylindre CP2 qui équipe cette moto a donc reçu quelques mises à jour et un échappement adapté. Il conserve pratiquement la même puissance (qui passe de 55 à 54 kW) et développe toujours un couple de 68 Nm. Une version permis A2 de 35 kW est bien évidement toujours disponible. Afin d’accentuer un peu le côté sportif de cette nouvelle Tracer, Yamaha a complètement modifié la face avant du carénage en lui greffant deux phares LED qui font invariablement penser à la sportive R1. Ajoutez à cela des feux diurnes aussi acérés que les yeux d’un félin et vous obtenez un look très particulier mais réussi.

Plus de réglages

Après le côté sportif, le constructeur d’Hamamatsu s’est également attelé à renforcer aussi l’aspect touring de sa petite Tracer qui doit être également capable de parcourir de longues distances. La position de conduite est légèrement modifiée grâce à l’élargissement du guidon (34mm) et à la nouvelle ergonomie de la selle qui gagne au passage (pour ne pas oublier le passager) 10mm d’épaisseur supplémentaire à l’arrière.

Yamaha a intégré une nouvelle bulle dont la hauteur varie sur 65mm en actionnant un astucieux levier et la manipulable se fait d’une seule main.

Pour les suspensions, la fourche à cartouche de 41mm a été conservée mais dorénavant elle est réglable en précontrainte pour le ressort et hydraulique pour le rebond. L’amortisseur arrière est également réglable sur les mêmes critères. En modifiant le carénage et son profil aérodynamique, Yamaha a intégré une nouvelle bulle dont la hauteur varie sur 65mm en actionnant un astucieux levier (la manipulation se fait d’une seule main). Enfin les protège-mains redessinés intègrent des clignoteur LED.

Imprévisible

Yamaha qui avait choisi les Dolomites pour présenter la première Tracer 700 en 2016 a cette fois porté son choix sur l’île de Tenerife. Un terrain de jeux idéal où la montagne domine avec les massifs de Teno et Teide dont le point culminant, qui est un ancien volcan, se situe tout de même à 3.718 m. On moment de notre arrivée sur l’île, une tempête en provenance du Sahara déversait copieusement du sable sur l’ensemble de l’archipel des îles Canaries. Mais par chance, notre avion qui avait pu atterrir avant que tous les aéroports ne ferment nous permit d’arriver à bon port. Le lendemain, c’est sous un ciel étrange et peu accommodant que nous priment la route pour un périple aléatoire qui allait se modifier au fil de la journée suivant l’évolution de la météo. Et pour ne rien arranger, des incendies qui s’étaient déclarés la veille à la suite des vents violents, risquaient éventuellement de croiser notre chemin. Tout un programme !

La vie plus facile

La prise en mains de cette nouvelle Tracer 700 est toujours aussi intuitive. On remarque immédiatement le nouvel écran LCD à affichage négatif qui regroupe clairement assez bien d’informations (tachymètre, jauge à carburant, horloge, témoin de rapport engagé, compte-tours et menu déroulant). Quelques témoins lumineux parcellent la périphérie hexagonale de l’écran.

Nouveauté pour le pilote qui peut maintenant faire défiler les indications du menu déroulant à l’aide d’une commande située sur le commodo gauche.

Nouveauté pour le pilote qui peut maintenant faire défiler les indications du menu déroulant (odomètre, 2 trips partiels, conso instantanée et moyenne) à l’aide d’une commande située sur le commodo gauche. La sonorité caractéristique du CP2 est toujours aussi sympathique malgré la présence d’un nouvel échappement (norme Euro5 oblige). Rappelons que ce moteur crossplane de 689 cm3 possède un calage de vilebrequin à 270° avec séquences d’allumages à intervalles irréguliers. Pour se plier à la norme Euro5, le CP2 s’est enrichi de paramètres d’injection et d’allumage optimisé.

Atacamos

Quittant le plus rapidement la côte, nous empruntons les premiers lacets d’une route tortueuse qui confirment rapidement les qualités sportives de cette nouvelle Tracer 700. A l’avant, la fourche travaille en toute sérénité ne plongeant pas excessivement sur les gros freinages. Le double disque a du mordant bien aidé par son levier de commande qui est réglable. Notons que celui de l’embrayage ne l’est pas. A l’arrière, l’amortisseur qui est configuré sur les réglages “standards usine”, tape un peu sur mauvais revêtement. La selle bien que moelleuse n’absorbe pas complètement ce petit désagrément. Néanmoins nous verrons par la suite que cette fermeté en amortissement possède l’avantage de maintenir l’arrière-train parfaitement aligné lorsque l’on aborde de grandes courbes à vitesse soutenue.

Passage à l’Euro5 réussi

Les petites épingles à 180° que nous rencontrons en ce début de matinée, mettent aussi bien en évidences le dynamisme de la partie-cycle que les reprises du moteur CP2 dorénavant sous pavillon Euro5. Le léger déficit de puissance cité plus haut a été judicieusement compensé par un rapport de transmission finale plus court, la couronne arrière passant de 43 à 45 dents. Les reprises restent donc bien franches et parfaitement secondées par l’étagement de boîte de vitesse inchangé. La forme de la selle, cale très bien le pilote lors des accélérations tout en permettant de petits déhanchements si nécessaire. La garde au sol sera rarement prise en défaut affirmant encore une fois le côté sportif de cette Tracer 700.

Tout là-haut

Au bout d’une matinée déjà bien remplie avec plus de 80 kilomètres de virolos au compteur, nous apprenons durant le lunch que la route grimpant au sommet du “Parque Nacional del Teide” est réouverte à la circulation. Une aubaine qui va nous permettre de parcourir pratiquement la totalité de l’itinéraire qui était initialement prévu. Avec de nouveau un tracé “alpin” et des paysages à couper le souffle, nous attaquons la route de La Orotava pour atteindre le plateau sommital du Parc situé à 2.200 mètres d’altitude.

La hauteur de la bulle se règle très facilement en roulant, la manette qui la commande est parfaitement bien positionnée.

La première partie de la montée comporte encore de petits lacets, mais la suite se compose de grandes courbes rapides entrecoupées de longues lignes droites qui nous permettent de mesurer l’efficacité du nouveau carénage. La hauteur de la bulle se règle très facilement en roulant, la manette qui la commande est parfaitement bien positionnée. La protection offerte est pour ma part correcte mais certains confrères un peu plus grands se plaindront de quelques turbulences au niveau du casque et des épaules.

Du chaud au froid

Il est vrai qu’entre le bord de mer et le sommet du parc, la température affichée au tableau de bord est passée de 26 à 12 degrés. De quoi donner quelques frissons à certains. La descente vers la côte se fera à un rythme peu raisonnable avec quelques freinages appuyés que déclencheront parfois l’ABS à l’arrière. Reconnaissons qu’en conduite plus normale, l’ABS devrait rester aux abonnés absents.

La Tracer 700 qui est, rappelons-le assemblée dans les anciennes usines MBK de Saint-Quentin, reçoit une monte pneumatique sérieuse avec les Michelin Pilot Road-4.

La Tracer 700 qui est, rappelons-le assemblée dans les anciennes usines MBK de Saint-Quentin, reçoit une monte pneumatique sérieuse avec les Michelin Pilot Road-4 que nous n’avons jamais réussi à prendre en défaut malgré la présence régulière de sable sur certaines routes. Finalement nous réussirons malgré quelques changements d’itinéraire à parcourir un peu plus de 200 kilomètres. De quoi nous faire une idée un peu plus précise du potentiel touring de cette nouvelle Tracer. Tenant compte du rythme adopté et de la topographie rencontrée, la consommation moyenne affichait 5,2 l. Au quotidien, on pourra tabler sur une conso inférieure à 5 l.

Un peu pingre

Étant cataloguée dans la famille Sport Touring, la Tracer 700 doit donc répondre à ces deux critères. Le premier est complètement réussi grâce à la partie-cycle joueuse et rigoureuse parfaitement accompagnée d’un moteur CP2 toujours aussi séduisant. Pour le second critère, le confort et la protection sont cohérents néanmoins nous émettons quelques réserves concernant la dotation d’origine en équipements. A part le petit pontet placé sur le guidon qui permet de monter un support GPS, la Tracer ne dispose d’aucun accessoire à vocation Touring, sans parler de l’absence d’une béquille centrale.

Tout cela est évidement calculé car le futur acquéreur de cette séduisante Tracer 700 aura la possibilité d’équiper sa nouvelle monture avec l’un des quatre packs (Sport, Travel, Weekend, Urban) proposé par Yamaha. Il est vrai que pour 8 599 euros, cette 700 reste une bonne affaire. Néanmoins l’adjonction d’une prise 12 V ou USB n’aurait sans doute pas grevé le prix de vente total de cette machine. Remarquons néanmoins que Yamaha a prévu des petits emplacements pour des crochets d’arrimage derrières les poignées du passager, soyons bon prince.

Elle va faire des jaloux

En renouvelant au bon moment sa Tracer 700, Yamaha va sans aucun doute redonner le petit coup de fouet qu’il fallait pour rebooster les ventes de sa mid-size qui n’a pratiquement aucune concurrente dans ce créneau. De plus, avec ce nouveau look qui lui va à ravir, elle devrait faire un peu d’ombre à la Tracer 900 qui pour l’occasion prend un sacré coup de vieux. Les deux Yamaha Tracer ne partagent pas la même clientèle mais il y a fort à parier que nous retrouverons l’année prochaine, une 900 un peu relookée. Et puis Yamaha espère aussi peut-être séduire les jeunes motards plutôt attiré par le look plus “branché” de la MT07.

Photos : Ant-Productions

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Données techniques et prix

Moteur
Type : 2 cylindres vertical 4 temps à refroidissement liquide DACT 4soupapes
Cylindrée : 689cc
Puissance maximum : 73,4 ch (54,00 kW) à 8 750 tr/min (35 kW à 7 500 tr/min option A2)
Couple maximum : 68 Nm à 6 500 tr/min
Boîte de vitesse : 6 rapports
Transmission finale : par chaîne

Partie-cycle
Cadre : Diamant acier, bras oscillant aluminium
Suspension avant : Fourche à cartouche de 41mm réglable déb. 130mm
Suspension arrière : Monocross avec amortisseur réglable déb. 142mm
Frein avant : Double disque à commande hydraulique, Ø282 mm
Frein arrière : Simple disque à commande hydraulique, Ø245 mm

Dimensions
Empattement : 1 460 mm
Hauteur de siège : 840 mm
Poids en charge : 196 kilos
Réservoir : 17 litres

Prix
8.599 euros

Galerie photos