Essai Harley-Davidson Sportster S : Evolution ou révolution ?
C’est à Essen en Allemagne que nous avons découvert le nouveau Sportster du constructeur de Milwaukee. Une mise en jambe de courte durée qui nous laisse un sentiment de trop peu. Nous allons vous expliquer pourquoi !
Baby H-D
Le baby H-D est un maillon important dans la gamme du constructeur américain. Baby est peut-être exagéré pour une moto de 1 250 cm3 et de 228 kilos. Mais à l’échelle de la MoCo pas vraiment. Oublions la parenthèse « Street 750 » qui n’a jamais connu le succès espéré et la disparition des 883 et 1200 victimes de l’Euro5. Aujourd’hui, le Sportster S devient l’entrée de gamme Harley-Davidson et occupe à ce titre une place stratégique. Pas question de se louper donc pour les ricains qui nous ont concocté un cruiser « aux petits oignons ». Car bien que présenté depuis toujours comme une moto sportive, le Sportster reste avant tout un cruiser même si H-D insiste encore cette-fois avec le S qui l’accompagne.
Une gueule d’enfer
Découvert préalablement sur la toile, le Sportster S est encore plus agressif en live. Ses lignes dégagent un je-ne-sais-quoi de puissance et de bestialité. Le double échappement à la « Flat Track », l’arrière court avec son gros boudin, le V-Twin Chocolate Satine trônant en plein milieu et l’avant inspiré du Fat Bob donnent à cette moto un look que l’on n’est pas prêt d’oublier. Pour enfoncer encore un peu plus le clou, le pneumatique avant affiche la dimension impressionnante de 160/70 par 17. Alors que la Fat Bob se contente seulement d’un 150/80 par 16 ! On se demande d’ailleurs comment va se comporter ce Sportster S en virage. La finition est excellente avec cependant quelques petites connections et fils électriques apparents de si de là. Le plastique habituellement utilisé avec parcimonie chez H-D est ici beaucoup plus présent. La chasse aux kilos superflus en est sans aucun doute la raison.
A bord
La prise en main semble évidente tant la hauteur de selle est basse avec 755 mm. Le guidon légèrement cintré est parfaitement positionné. Les commodos sont communs avec la Pan America. Les deux leviers sont réglables et les rétroviseurs en bout de guidon sont adéquatement placés. Le tableau de bord est constitué d’un écran TFT circulaire de 4 pouces. Assez lisible et antireflets, il reprend à peu de choses près les mêmes graphismes que le grand écran de la Pan America. Mais au contraire de celui-ci, il n’est pas tactile. Si la plupart des fonctions attendues sont bien présentes, il manque néanmoins à l’appel un indicateur de consommation moyenne ou instantanée. Heureusement il reste un indicateur d’autonomie qui sera bien utile avec un réservoir ne comportant que 11,8 litres de carburant.
Objectif couple
La position de conduite est bien plus proche d’un cruiser que d’une sportive comme on s’en doutait. Les repose-pieds placés à l’avant du moteur conviendront bien aux pilotes de grande taille et aux babas cool. Dans le cas contraire, H-D propose un kit « Mid Control Conversion Kit » qui placera les repose-pieds en position médiane. Le système de démarrage « mains libres » est toujours bien pratique mais il faut cependant utiliser une clé pour l’ouverture de la trappe à carburant et pour le blocage de la direction. Sans surprise, le V-Twin à 60° est commun avec le moteur de la Pan America. Mais pour coller à l’esprit de ce Sportster privilégiant le couple au détriment de la puissance, quelques modifications y ont été apportées. La puissance passe de 150 ch (8 750 tr/min) à 121 ch (7 500 tr/min) et le couple de 128 Nm (6 750 tr/min) à 125 Nm (6 000 tr/min).
Enthousiaste ce V-Twin
Dans la pratique, ce V-Twin reste enthousiaste. Il est capable de tourner à bas régime, moins de 2 000 tr/min, sans trop cogner. Sa zone de confort commence à 3 000 tr/min avant de s’affirmer un peu plus dès 4 000 tr/min. Le pic de forme se situe aux alentours de 7 000 tr/min un peu avant la zone rouge située à 8 000 tr/min. Néanmoins les hauts régimes seront rarement sollicités durant cet essai. Le parcours privilégiant la ville et les faubourgs d’Essen en plus de la campagne environnante. Un petit détour par l’autobahn nous permettra de constater qu’à 120 km/h, le compte tours affiche 4 000 tr/min. Au-delà, la position de conduite n’incite pas à plus « d’efforts ». A moins que vous ne soyez un peu maso.
Technologie d’avant plan
La boîte de vitesse est douce et précise. Aucune difficulté pour trouver le point mort comme c’est parfois le cas sur la Pan America. Le freinage confié à Brembo est à la fois progressif et redoutable lorsqu’il le faut même avec un seul disque devant. Signalons que parmi toutes les aides à la conduite, ce Sportster S dispose d’un C-ABS prévu pour les virages grâce à la centrale inertielle à six axes. Avec cette nouvelle génération de motos (Pan America et Sportster) Harley-Davidson a rattrapé son retard en matière de sécurité passive sur la concurrence. Le nouveau cruiser américain dispose en plus du C-ABS, d’un antipatinage C-TCS, d’un correcteur de couple C- DSCS faisant également office d’anti-wheeling et de plusieurs modes de conduite. La connectivité n’est pas oubliée avec la possibilité de s’appareiller à l’application H-D via Bluetooth.
On s’y fait rapidement
Les trois modes de conduite préréglés : Pluie, Route et Sport sont accompagnés de deux modes personnalisables. Où tout est paramétrable de l’accélération au frein moteur en passant par l’ABS ou le contrôle de traction. Le comportement général de cette Harley est satisfaisant malgré la présence du gros gommard à l’avant. L’inertie de la direction est certes présente au départ mais corrigée instinctivement par un contre-braquage appuyé. On s’y fait rapidement au point de l’oublier. Le rayon de braquage est suffisant mais la garde au sol est parfois limitée par le sabot moteur (attention aux bordures). Concernant les aspects pratiques, le Sportster S dispose d’une prise USB-C entre la colonne de direction et le réservoir à gauche.
Solo et plus si affinité
Vous aurez certainement remarqué sur les photos que le nouveau cruiser américain n’est pas équipé pour le duo. Une bonne chose en soi vu le comportement de la suspension arrière. Nous restons à ce sujet sur notre faim comme annoncé dans l’introduction. Si la fourche Showa remplit sa mission, il en va tout autrement pour l’amortisseur arrière. Techniquement, on ne peut pas attendre de miracle d’un système de suspension arrière qui ne propose que 37 mm de débattement, c’est vrai. Mais d’autre part, cet amortisseur est entièrement réglable. Facilement en précontrainte via une molette extérieure sur le côté gauche de la selle. Pour le réglage de l’hydraulique de la compression et de la détente c’est une autre histoire. Il faut déposer la selle et disposer d’outils. Affiner les réglables permettrait d’atténuer un tant soit peu les effets dévastateurs de l’amortisseur arrière ? A explorer dans le cadre d’un essai prolongé !
Du caractère en rab
Durant la conférence de presse, H-D a présenté un kit passager comprenant diverses selles, des repose-pieds et même un petit dosseret pour le passager. De quoi convaincre peut-être Madame. A moins que vous ne profitiez de l’occasion pour améliorer subtilement votre protection à l’arrière. En effet, le garde-boue est réduit à sa plus simple expression et nous avons été copieusement « repeints » durant un passage sur quelques routes humides dans les sous-bois. Après ce qui fâche, parlons de ce qui fait sourire. Parmi les trois modes de conduite préréglés, le mode Sport est évidement le plus joueur. Mais en « chipotant » un peu sur l’un des deux modes Custom, vous arrivez à trouver encore un peu plus de caractère pour ce cruiser. A consommer sans modération !
Conclusion
Au final, Harley-Davidson a parfaitement négocié ce virage vers la modernité. Ce nouveau Sportster S fait une entrée remarquée dans le segment en prenant la place de leader. Son objectif est de convaincre tout azimut qu’il est plaisant de rouler sur un V-Twin de Milwaukee. Le Sportster S est très abordable financièrement à 15.995 € et physiquement avec 228 kilos sur la balance. Tout en proposant de bonnes performances, une électronique de pointe et un look d’enfer.
Photos : Alessio Barbanti
Les + et les –
Les + : look, freinage, moteur dynamique, facilité d’utilisation, budget
Les – : suspensions (surtout l’arrière), ça chauffe un peu à droite, autonomie
Données techniques et prix
Moteur
Type : bicylindre 4T à refroidissement liquide, double ACT, 4 soupapes
Cylindrée : 1252 cm2
Puissance maximum : 121 ch (90 kW) à 7 500 tr/min
Couple maximum : 125 Nm à 6 000 tr/min
Boîte de vitesse : à 6 rapports
Transmission finale : par courroie
Partie-cycle
Cadre : treillis acier avec moteur porteur
Suspension avant : fourche inversée Showa de 43 mm, entièrement réglable, déb. 92mm
Suspension arrière : amortisseur Showa Monoshock Piggyback, entièrement réglable, déb. 37 mm
Frein avant : un disque de 320 mm, étrier Brembo 4 pistons à montage radial, C-ABS
Frein arrière : un disque de 260 mm, étrier Brembo 1 piston flottant, C-ABS
Dimensions
Empattement : 1 520 mm
Hauteur de siège : 755 mm
Poids en charge : 228 kilos
Réservoir : 11,8 litres
Prix
15.995 € (Vivid Black) 16.270 € (Color)