Essai Kawasaki Ninja 1000 SX: Denrée rare
Si la moto Sport GT a connu son heure de gloire au siècle dernier, elle a depuis quelques années pratiquement disparue. Il ne reste plus aujourd’hui que quelques constructeurs à encore proposer une Sport GT dans leur catalogue.
Toujours le pied
Et le constructeur d’Akashi est l’un deux. En effet la Kawasaki Ninja 1000 SX est la dernière représentante nipponne de cette catégorie au même titre que BMW avec sa R 1250 RS pour les européens. Avec son quatrième millésime sorti l’année dernière, Kawasaki persiste et signe. Nous venons de passer une semaine au guidon de ce modèle agréé Euro5 et nous pouvons affirmer qu’une moto Sport GT, c’est toujours le pied.
Avec femme et bagages
Afin de rendre cet essai le plus convaincant possible, nous avons parcouru près de 700 km en deux jours avec femme et bagages. Avec les restrictions « Covid » encore en application au moment de ce test, c’est le sud de notre beau pays qui a servi de cadre pour cet essai. Afin de garantir l’appellation GT, la Kawasaki Ninja SX est disponible avec un pack Tourer comprenant entre autre une paire de valises rigides de 28 litres avec sacs intérieur, un support GPS, une protection de réservoir et une bulle large. Tout cela pour un prix – sans concurrence – de 999 €. Pour les amateurs de sport, Kawasaki propose encore le pack Performance (bulle fumée, échappement Akrapovic, capot de selle et protèges carter) à 1.399 €. Et si vous souhaitez la totale il y a enfin le pack Performance Tourer qui regroupe des deux packs déjà cités avec en plus les poignées chauffantes et une bulle large fumée pour un budget de 2.499 €. Soulignons que la Kawasaki Ninja 1000 SX est disponible à partir de 14.399 €.
Tout est prévu
Les Verts ont donc tout prévu pour que vous puissiez pleinement profiter de votre Sport GT. La Ninja 1000 SX repose sur un châssis composé de cinq pièces en fonte d’aluminium fixées au moteur qui participe également à la rigidité de l’ensemble. A l’avant, une fourche inversée de 41 mm entièrement réglable prend place tandis qu’à l’arrière on retrouve le système Horizontal Back-link avec amortisseur à gaz entièrement réglable aussi. Le freinage est solide avec deux disques flottants de 300 mm associés à des étriers Tokico monoblocs 4 pistons à montage radial pour l’avant, un disque de 250 mm (étrier simple piston) équipe l’arrière. L’ABS tient compte des virages grâce à la centrale inertielle IMU Bosch à six axes qui informe également les différentes aides à la conduite.
Assistances
Avec la très douce poignée de gaz ride by wire, la Ninja SX dispose de quatre modes de conduite (Rain, Road, Sport et Rider). L’anti patinage (KTRC) contrôle la puissance et le KIBS (Kawasaki Intelligent anti-lock Brake System) l’ABS pour plus de sécurité en virage. Au rétrogradage on peut compter sur la technologie Assit&Slipper intégrée à l’embrayage pour empêcher le blocage de la roue arrière. Un quick shifter est également proposé de série au même titre qu’un régulateur de vitesse.
Marque de fabrique
La Kawa est motorisée par un quatre cylindres en ligne à refroidissement liquide. Une véritable marque de fabrique pour la firme d’Akashi qui produit ce type de moteur depuis très longtemps. D’une cylindrée de 1.043 cm3, ce moulin est maintenant homologué Euro5 tout en développant 142 ch (10.000 tr/min) et 111 Nm (8.000 tr/min). Signalons qu’en mode de conduite Rain, la puissance est limitée à 106 ch. Avec ses jantes aluminium à bâtons chaussées de pneumatiques Bridgestone Battlax S22, la Ninja 1000 SX affiche avec les fluides 235 kilos sur la balance.
Un style bien tranché
Si les lignes générales de la moto ont évolué sur le dernier millésime de 2020, il n’en reste pas moins que cette Kawa conserve le style bien tranché de la famille verte. La bulle étant facilement réglable (par un petit levier) sur quatre niveaux, nous trouvons que de profil, l’avant de la moto ressemble à un marsouin lorsque la bulle est en position haute. Par contre l’arrière semble très court et plus compact. Quoi qu’il en soit, cette Ninja respecte les standards de finition que l’on reconnaît depuis longtemps chez Kawa. La selle du pilote est moelleuse et culmine à 835 mm (possibilité de choisir une selle moins épaisse). Pour la selle réservée au passager – en dessous de laquelle on trouve un petit espace de rangement suffisant pour un bloc disque – la partie ne semble pas gagnée. Mais ma passagère d’un week-end ne se plaindra jamais de celle-ci. A confirmer sur plus longue distance.
Deux thèmes
Sous nos yeux, le nouvel écran TFT couleur de 4,3 pouces est bien visible grâce à la luminosité adaptable automatiquement. Deux thèmes sont disponibles, l’un sportif et l’autre GT. Normal pour une Sport GT ! La liste des informations disponibles est presque aussi longue qu’un ticket de caisse le vendredi. Le commodo de gauche regroupe les diverses commandes nécessaires pour tout sélectionner y compris le régulateur de vitesse. Les leviers de freins et d’embrayage sont réglables par contre l’emplacement pour la prise 12 V est vide. C’est en option, dommage. Enfin les rétroviseurs sont repliables dans les deux sens et reflètent bien tout ce qui se passe derrière vous. L’application “RIDEOLOGY THE APP” vous permettra de vous connecter à votre moto et de faire joujou avec votre smartphone.
Souplesse à tous les étages
Chargés presque comme des bœufs, nous nous dirigeons vers Bouillon qui sera notre point de ralliement durant ces deux journées. La position de conduite est presque droite avec le buste légèrement incliné. L’appui sur les demi-guidons est raisonnable. La place n’est pas étriquée pour deux personnes même avec un sac réservoir. Du mode Sport un peu trop « brutal », oublions le côté sport de cette Kawa pour le moment, nous préférons sélectionner le mode Road un peu plus cool.
La place n’est pas étriquée pour deux personnes même avec un sac réservoir.
Même chose pour le quick shifter. Le quatre cylindres de notre Ninja est d’une souplesse à toute épreuve. A la limite on se tape sur le dernier rapport et l’on passe de 50 à 90 km/h sans sourciller. Nous avons délibérément choisi d’éviter l’autoroute. Néanmoins un bref passage par une nationale à quatre bandes avec terre-plein central nous permettra de vérifier que même à 120 km/h (6.300 tr/min), la Ninja SX est confortable. Qu’il y a encore de la patate sous le carénage et que la protection de la bulle est correcte.
Sérénité
Mais c’est sur nationales tortueuses à souhait que nous préférons évoluer avec cette Sport GT. La partie-cycle est rigoureuse et l’amortissement surprenant même sur routes défoncées. La Ninja fait presque aussi bien que la 1000 Versys que nous avons testé peu de temps auparavant. Le freinage est également efficace même en entrée de courbe qui est souvent le point névralgique où les choses se compliquent. Tout se passe avec sérénité, un vrai plaisir. Profitant d’un début de journée très frisquet où la température était passée en dessous de 0 degré (- 3 pour être précis) nous choisissons le mode Rain qui finalement n’est pas des plus désagréable. Le moteur garde pas mal de couple et de souplesse pour emmener valablement armes et bagages. Au premier ravitaillement, l’écran affiche une consommation moyenne de 5,3 litres. Avec un réservoir de 19 litres, cette Sport GT annonce une belle autonomie.
Conclusion
Ayant possédé plusieurs Sport GT, je retrouve avec cette Kawasaki SX un type de moto que j’apprécie toujours autant. Je reconnais certes les avantages d’un gros trail routier mais je regrette aussi souvent leur hauteur de selle excessive. Je ne suis pas non plus vraiment convaincu par la polyvalence de ces motos car avouons que peu de motard s’en servent régulièrement en off-road. A moins d’adapter les pneus adéquats et de posséder un certain bagage technique en tout-terrain. Les vraies moto GT ont également tendances à disparaître aujourd’hui. L’uniformité gagne le monde de la moto de grosse cylindrée. Des customs, des gros trails et quelques sportives « pour la vitrine » résument l’offre du moment. Et le néo-rétro est pour l’instant à la mode mais pour combien de temps ? La seule concurrente pour notre Kawa est la BMW R 1250 RS (à partir de 15.260 €). Mais avec un budget qui explosera rapidement vu la politique « tout en option » de la firme munichoise. Ou encore la KTM 1290 SUPER DUKE GT (19.849 €). Non, je pense sincèrement que la Kawasaki Ninja 1000 SX a encore de beaux jours devant elle.
Les + et les –
Les + : Identité « Verte », moteur, confort, freinage.
Les – : Prise 12 V et poignées chauffantes en option, pas de béquille centrale.
Données techniques et prix
Moteur
Type : 4 cylindres en ligne 4T à refroidissement liquide, DOHC 16 soupapes
Cylindrée : 1.043 cm3
Puissance maximum : 142 ch (104,5 kW) à 10.000 tr/min
Couple maximum : 111 Nm à 8.000 tr/min
Boîte de vitesse : à 6 rapports
Transmission finale : par chaîne
Partie-cycle
Cadre : twin-tube, aluminium
Suspension avant : fourche inversée de 41 mm entièrement réglable, déb. 120 mm
Suspension arrière : Horizontal Back-link, amortisseur à gaz entièrement réglable, déb. 144
Frein avant : deux disques flottant de 300 mm, étriers monobloc radial 4 pistons, ABS en virage
Frein arrière : un disque de 250 mm, étrier 1 piston, ABS en virage
Dimensions
Empattement : 1440 mm
Hauteur de siège : 835 mm
Poids en charge : 235 kilos
Réservoir : 19 litres
Prix
A partir de 14.399 €
Pack Performance 1.399 €
Pack Tourer 999 €
Pack Performance Tourer 2.499 €