Essai Triumph Rocket 3 GT : le monstre apprivoisé
Aujourd’hui je vous propose l’essai un peu particulier de la moto de série affichant la plus forte cylindrée. Il s’agit bien entendu de la Triumph Rocket 3 qui est au centre de tous les superlatifs depuis de nombreuses années.
Arrivée sur le marché en 2004, la Triumph Rocket 3 affichait une cylindrée impressionnante de 2.294 cm3. Si sa puissance n’était pas phénoménale avec « seulement » 142 ch, son couple était lui plus parlant : 200 Nm à 2.500 tr/min. Animée par un trois cylindres en ligne justifiant la reprise du nom de la BSA – sous giron Triumph – sortie en 1968, cette première Triumph Rocket 3 sera commercialisée jusqu’en 2016 avant l’application de la norme Euro 4.
Coucou me revoilou
Le temps pour la firme d’Hinckley de fourbir ses armes et une nouvelle Rocket 3 Euro 5 est présentée fin 2019. Histoire de marquer un peu plus l’histoire et la concurrence, cette nouvelle Triumph est portée à 2.458 cm3 pour une puissance de 167 ch (123 kW) à 6.000 tr/min et un couple de 221 Nm à 4.000 tr/min. Tout cela en réussissant à diminuer le poids de 40 kg par rapport à la première Rocket 3. Ah oui j’oubliais, ce n’est une mais deux Rocket 3 qui sont commercialisées début 2020. La version R plus dépouillée – si on peut dire – est la plus basique et la plus bestiale (si c’est encore possible!). La version GT fait dans le cosy – si si c’est possible ! – tout en bénéficiant de quelques équipements supplémentaires comme la bulle haute, les poignées chauffantes ou encore le dosseret passager. Pour cet essai nous disposons de la version GT.
Une œuvre d’art
On ne peut pas rester insensible devant cette Rocket 3. L’imposant trois cylindres en ligne justifie à lui seul les qualificatifs les plus divers. Les collecteurs hydroformés (technique de fabrication sous l’effet d’un fluide) sont reliés à deux échappements bien visibles sur le flanc droit contre un seul plus discret sous le monobras à gauche. Avec ce dernier on a l’impression vue de droite que la roue arrière flotte pratiquement dans le vide. Chaussée d’un énorme boudin de 240/50 par 16, elle donne le ton.
La finition de cette moto est exemplaire, on peut franchement qualifier cette Rocket 3 d’œuvre d’art.
L’avant n’est pas en reste, une fourche à cartouche Showa de 47 mm entièrement réglable relie la roue avant de 17 pouces aux imposants tés supérieurs qui encadrent le double optique circulaire. Au-dessus trône un petit tableau de bord composé d’un écran TFT couleur triparti. Le réservoir « So British » est recouvert d’une sangle en acier inox brossé et d’un bouchon de type Monza. La selle semble posée aussi dans le vide et sur notre version GT, elle se termine par un petit dosseret réglable pour le passager. La finition de cette moto est exemplaire, on peut franchement qualifier cette Rocket 3 d’œuvre d’art.
Compte à rebours sous la pluie
Cet essai débute franchement dans de mauvaises conditions climatiques. Il pleut des hallebardes sans discontinuité depuis le début de la journée, que dis-je, depuis le début de la semaine. Je suis néanmoins rassuré car cette Rocket 3 dispose de toutes les assistances à la conduite disponibles actuellement sur le marché. L’ABS et l’antipatinage optimisés pour les virages sont accompagnés de plusieurs modes de conduite (route, pluie, sport et conducteur) mais aussi du démarrage en côte. Choisissant le préréglage « pluie » et gardant toute ma confiance envers le constructeur anglais, j’achève de m’équiper comme un cosmonaute avant de monter sur cette fusée. Avec une hauteur de 750 mm, la selle est facilement accessible, encore heureux. Pas besoin de se lancer dans un grand écart pratiquement impossible lorsque l’on est vêtu comme Armstrong ou Gagarine. Pour ne rien arranger, la clé de cette Rocket 3 est maintenant coincée sous ma combinaison de pluie dans la poche de ma veste, classique. Mais le système keyless me sauve la mise et je peux enfin commander la mise à feu de cette Rocket.
Décollage en douceur
La première appréhension passée, j’attrape les repose-pieds placés sur l’avant. Ils sont réglables d’avant en arrière (- 25mm, 0 mm, + 25 mm) et la position de conduite est relativement confortable. La selle est creusée, on est bien calé sur la moto et le guidon tombe bien sur les mains. J’en profite pour actionner les poignées chauffantes qui seront bien utiles durant toute cette semaine d’essai. Les premières manœuvres en ville me rappellent immédiatement que je suis au guidon d’un imposant muscle roadster.
Le trois-cylindres en ligne peut tourner à 1.500 tr/min sur le 3ème ou 4ème rapport, c’est rassurant.
La Rocket 3 affiche un empattement de 1677 mm qu’il faut caser dans la circulation. Les manœuvres à basse vitesse demandent un peu d’expérience mais le mode d’emploi est vite trouvé. Le moteur fait montre d’une souplesse prodigieuse vu sa cylindrée importante. Le trois-cylindres en ligne peut tourner à 1.500 tr/min sur le 3ème ou 4ème rapport, c’est rassurant. Je me méfie un peu du freinage qui fait appel au système Brembo Stylema Monobloc mais tout se passe correctement, merci les assistances. Les accélérations restent contrôlées même si je roule instinctivement sur des œufs.
Frustré
Obligé d’emprunter un tronçon d’autoroute que je redoutais, je m’en tire avec une belle douche et de nouvelles appréhensions. Le revêtement est inondé à tel point que le drainage saturé entraîne pas mal de flaques et rigoles d’eau sur la route. Les pneumatiques Avon Cobra Chrome spécialement conçus pour cette Triumph font le job comme le shifter bien pratique dans ce contexte. Et je ne vous parle pas du moteur qui accélère immédiatement à la moindre rotation de la poignée d’accélérateur. Le tout reste contrôlable grâce à la centrale inertielle Continental calculant en permanence tous les paramètres. Les commodos rétroéclairés aident bien sous ce déluge, ils sont pratiques et faciles à utiliser. Dommage que cette pluie diluvienne m’empêche de profiter un peu plus de cette Rocket 3.
Merci l’accalmie
La connectivité est également de mise sur cette moto. Avec l’application Triumph dédiée, il est possible d’accéder aux fonctions principales de votre smartphone sans oublier le GPS turn-by-turn. Il est possible aussi de recharger votre appareil en le plaçant dans un vide-poches étanche avec prise USB sous la selle. Une deuxième prise USB placée à côté du tableau de bord est également disponible. Bénéficiant d’une seule journée plus clémente, j’en profite pour exploiter un peu plus le potentiel de cette moto. Et je ne suis pas déçu, le moteur est tout simplement généreux et jouissif entre 3.000 et 6.000 tr/min. En mode sport ça déménage copieusement, le mode route reste plus raisonnable (tout est relatif). Avec un peu plus de temps, je pourrais paramétrer le mode conducteur suivant mes propres critères ! Mais c’est déjà pas mal avec les réglages usines.
Mise en orbite réussie
La tenue de route est surprenante vu le gabarit de cette Rocket 3. En grandes courbes comme en ligne droite, la Triumph reste imperturbable. Les suspensions réglables dans tous les sens remplissent parfaitement leur mission. Si la Rocket 3 n’est pas aussi confortable qu’une vraie GT, elle reste cependant très abordable au quotidien. Certainement plus polyvalente que ses concurrentes. Le constructeur annonce une consommation moyenne de 6,8 l/100 km. Si cette donnée semble plus que correcte sous la pluie, il en va autrement sur le sec. La tentation est tellement grande d’ouvrir en grand avec ce moteur que les successions d’accélérations deviendront fatales à une consommation responsable. Durant cette journée de test sur le sec, la moto affichera facilement une consommation moyenne de plus de 8 litres. Ce qui reste somme toute logique vu la cylindrée et les capacités du 3 cylindres.
Au final
En remodelant en profondeur sa Rocket 3, Triumph a réussi le pari de garder une moto impressionnante malgré l’application de la norme Euro 5. Cette version GT est cohérente et même polyvalente comme rarement pour une muscle bike. Son prix de 23.700€ est conséquent tout en restant compétitif face à la concurrence.
Les + et les –
Les + : Finition, touche « So British », moteur, image, équipements GT.
Les – : Platines de protection repose-pieds.
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Données techniques et prix
Moteur
Type : 3 cylindres en ligne, refroidi par eau, DACT
Cylindrée : 2458 cm³
Puissance maximum : 167CV (123 kW) à 6000 tr/mn
Couple maximum : 221Nm @ 4000 tr/mn
Boîte de vitesse : 6 rapports
Transmission finale : cardan
Partie-cycle
Cadre : aluminium
Suspension avant : Fourche inversée Showa 47mm, entièrement réglable, déb. 120 mm
Suspension arrière : Amortisseur Showa, entièrement réglable, déb. 107 mm
Frein avant : Deux disques de 320 mm, étriers monoblocs radiaux Stylema Brembo M4.30 à 4 pistons, ABS en virage
Frein arrière : Simple disque de 300mm, étrier monobloc Brembo M4.32 à 4 pistons, ABS en virage
Dimensions
Empattement : 1677 mm
Hauteur de siège : 750 mm
Poids à vide : 294 kg
Réservoir : 18 litres
Prix
à partir de 23.100 €