Premier essai : Indian Sport Chief
“Indian ” et ” Sport “, cela va-t-il de pair ? Très clairement, oui, puisque la marque américaine a non seulement remporté le King of the Baggers et le championnat américain de flat track en 2022, mais aussi le championnat Super Hooligan avec la FTR 1200. Mais faire d’une Chief lourde et basse une sportive, c’est aller un peu trop loin, non ? C’est ce que nous avons d’abord pensé. Jusqu’à ce que nous puissions rouler toute une journée dans les montagnes espagnoles en allant de surprise en surprise.
Texte : Gijs Gilis Photos : Indian Motorcycle

Quatrième membre de la Chief
La Chief n’est pas exactement la moto de cruiser la plus raide qui soit. En d’autres termes, vous pouvez la balancer assez facilement, malgré son poids élevé, sa garde au sol limitée et son empattement long. La nouvelle Sport Chief devrait faire ressortir un peu plus ce côté alerte. Il s’agit du quatrième membre de la famille Chief, aux côtés de la machine standard, du Bobber et de la Super Chief. La Sport Chief n’a pas seulement une allure plus sportive que ses sœurettes, elle a aussi été sérieusement modifié pour le devenir.

Ce n’est pas tout
Commençons par les caractéristiques extérieures, qui consistent en un carénage de tête de fourche (bulle d’une hauteur de 16,5 cm), une selle solo (de style gunfighter) et une roue avant de 19 pouces. Ces éléments se remarquent immédiatement. On remarque moins la position légèrement plus haute du guidon, les repose-pieds qui sont moins en avant, et deux éléments clés qui font vraiment la différence : les freins et la suspension. Les doubles disques de 320 mm à l’avant – normalement il n’y en a qu’un seul disque de 300 mm sur les autres Chief – sont de Brembo, et pour les suspensions, Indian fait appel à KYB à l’avant et à Fox à l’arrière. De plus, le débattement de la suspension arrière est de 100 mm, ce qui devrait apporter plus de confort et en même temps des aspirations plus sportives. La Chief Sport n’est donc pas simplement une Chief standard avec quelques accessoires sportifs. Il y a clairement plus derrière.


Même pas mal
Pour cet essai, nous nous trouvons à Gérone, en Espagne, afin découvrir les qualités de pilotage de cette Sport Chief. Sont-elles sensiblement différentes de celles d’une Chief standard ? Sur ce type de moto, on cherche automatiquement, en vain, des repose-pieds quelque part à l’avant, mais là, ils sont beaucoup plus reculés vers vous. Cela donne immédiatement une position assise plus offensive, qui convient parfaitement à cette Sport Chief. Le guidon est également à une hauteur agréable, de sorte que vous n’êtes pas assis tout recroquevillé comme un crapaud malade, mais tout à fait confortable. En effet, après une journée entière en selle, avec mon 1m90, je n’ai ressenti aucun malaise au niveau des genoux, des poignets ou du dos. Ce n’est pas rien pour une moto qui possède une hauteur de selle de 686 mm.

Préoccupations
Après quelques kilomètres, l’inquiétude s’installe. Les repose-pieds raclent pas mal. Nous nous attendions à cela, mais pas si tôt ! Les repose-pieds sont peut-être montés un peu plus haut sur la Sport Chief, mais la faible hauteur de la moto signifie que vous allez inévitablement faire des traces dans le bitume. C’est amusant au début, mais cela devient ennuyeux au bout d’un moment. En d’autres termes, nous allons devoir modifier nos trajectoires sur les routes sinueuses. Extérieur, intérieur, extérieur, ce genre de boulot quoi !

Pas de réserve pour les erreurs
Alors, comment se comporte-t-elle ? C’est là toute la spécificité de la Sport Chief. Essentiellement, elle n’a pas un comportement ou une conduite particulièrement sportive, mais elle peut le faire. Elle le peut vraiment. Grâce au poids conséquent du bloc-moteur, l’Indian reste fermement sur sa trajectoire. Il faut toutefois évaluer celle-ci bien à l’avance, car il n’y a pas beaucoup de marge pour rattraper une erreur de trajectoire – notamment en raison des repose-pieds trop bas. On adopte ainsi un style de conduite qui permet de conduire la Sport Chief jusqu’à la limite, sans que cela ne devienne dangereux. Le moteur offre évidemment plus de couple qu’il n’en faut pour vous catapulter d’un virage à l’autre. Et les changements de rapport ? Rien de tout cela n’est nécessaire. Restez sur le troisième et vous pouvez réellement jouer dans les virages en épingle à cheveux à des vitesses hautement illégales. Un quickshifter aurait peut-être été un ajout appréciable sur cette Sport Chief ? Quoi que !

Maîtrise surprenante
Les freins Brembo réagissent et mordent de manière impressionnante. Le poids total d’environ 400 kg (pilote compris) est freiné avec l’index comme s’il s’agissait d’un roadster de moyenne cylindrée. Bien sûr, vous ressentez le poids, mais les Brembo sont un atout indéniable sur la Sport Chief.
En conjonction avec ces bons freins, nous avons été assez surpris par la rigidité du cadre. Avec une stabilité sans faille, par exemple, lors d’un freinage brusque dans une courbe en S, y compris lors d’un changement de masse. Il en va de même lors des accélérations brutales en sortie de virage. Pas de flexion, pas de mouvement, pas d’hésitation. Une tenue de route qui donne confiance et une moto que l’on ose pousser. La Sport Chief ne vous met pas tellement au défi de rouler vite, mais elle vous permet de le faire et elle sait comment s’y prendre.

Conclusion
Le soir, autour d’une pinte bien méritée, les ricains nous ont honnêtement avoué que la Sport Chief avait été conçue principalement pour des raisons de style. C’est gentil de leur part de l’admettre comme cela, mais c’est encore mieux si la “Chief Sporty” est réellement sportive à conduire. Certes, l’angle d’inclinaison reste limité en raison des repose-pieds, mais les virages sont pris avec un peu plus de précision et le défi de prendre un virage à la perfection devient encore plus grand. Les principaux avantages de la Sport Chief sont les freins et les suspensions nettement plus performants, surtout à l’arrière. Le bas du dos en est incroyablement reconnaissant. L’augmentation du débattement de la suspension arrière n’apporte pas seulement plus de confort, mais aussi une meilleure conduite de la moto. Mais bien sûr, la grande question reste la suivante : quel acheteur d’une Sport Chief en tirera un jour le maximum de son potentiel sportif ?

Les plus
Look sympa, bonnes améliorations, peut être très sportif
Les moins
Supplément de prix, poids, repose-pieds trop bas
Données techniques
MOTEUR
Type: V-twin Thunderstroke 116
Cylindrée: 1.890 cm3
Alésage x course: 103,2 x 113 mm
Taux de compression: 11,0:1
Embrayage: multidisques en bain d’huile
Boîte de vitesse: à 6 rapports
Transmission finale: par courroie
PRESTATIONS
Puissance maximum: 79 ch tr/min n. c.
Couple maximum: 162 Nm à 3.200 tr/min
ELECTRONIQUE
Moteur: 3 modes de conduite, désactivation du cylindre arrière
Partie-cycle: régulateur de vitesse
PARTIE-CYCLE
Cadre: tubulaire en acier
Suspension avant: fourche inversée KYB de 43 mm
Réglage: non
Suspension arrière: double amortisseur Fox Piggyback
Réglage: précontrainte du ressort
Débattement av/ar: 130/100 mm
Frein avant: deux disques semi-flottant Brembo de 320 mm, étriers 4 pistons
Frein arrière: un disque semi-flottant de 300, étrier 2 pistons
Pneumatique av/ar: Pirelli Night Dragon; 130/60-B19, 180/65-B16
DIMENSIONS
Poids TPT: 311 kilos
Réservoir: 15,1 litres
Empattement: 1.640 mm
Hauteur de selle: 686 mm
Angle de chasse: 28°
Chasse: 111 mm
PRIX
à partir de 22.190 euros