Premier test Verge TS Pro : 1.000 Nm… Glups !
Avez-vous déjà conduit une Kawasaki Z900 ? Cette machine a un couple d’un peu moins de 100 Nm. La Verge TS Pro a dix fois plus de couple. Dix fois ! Le double serait déjà excessif. Mais dix fois ! C’est à peu près autant de couple que ce que produit une Porsche Taycan Turbo S. Autant dire qu’il est impossible d’appréhender la puissance qui se cache dans la Verge. Dans la… quoi ?
Texte : Gijs Gilis

Différente des autres
Verge est une marque de motos électriques estonienne qui lance son premier modèle avec la TS. Face à l’avalanche de nouvelles marques de motos électriques qui voient le jour actuellement, il faut se démarquer d’une certaine manière. Verge le fait de plusieurs manières. Dans l’introduction, par exemple, nous avons déjà mentionné le couple exubérant de 1 000 Nm. Comme si cela ne suffisait pas, cette puissance est transmise par un moteur électrique caché dans la roue arrière. Il en résulte que la TS a une allure très particulière. Il s’agit d’un véhicule futuriste doté d’une roue arrière creuse, de couleurs frappantes et d’un style très net. Notez également les trois câbles haute tension orange qui alimentent le moteur de la roue arrière en courant, comme des pailles flexibles.

Inspiré par la Diavel ?
Une belle moto, donc, sans aucun doute. Ou du moins, une moto de belle facture. Elle ne ressemble à aucune autre moto actuellement en vente. Mais s’il fallait la comparer à certaines de ses ” concurrentes “, ce serait la Ducati Diavel V4 et la Triumph Rocket 3. Par exemple, le pneu arrière très large de la Verge (240/45 R17) est identique à celui de la Diavel. De plus, la silhouette semble également s’inspirer quelque peu de la Ducati, mais cela s’arrête là.

Stress lié au choix
Outre des couleurs amusantes et accrocheuses comme le “vert reptile”, le “jaune vibrant” ou le “violet de Tokyo” que nous avons testé, vous pouvez choisir une couleur brillante ou mate lorsque vous commandez votre TS. Nous n’avions jamais vu cela auparavant. La selle peut également être personnalisée, avec un choix de cuir, de cuir perforé ou d’alcantara. Enfin, vous pouvez également opter pour une suspension Wilbers, comme sur notre moto d’essai, ou Öhlins. Sur l’écran tactile de 8 pouces intégré entre le “réservoir d’essence”, on trouve toutes les informations sur le moteur, la charge de la batterie ou les modes de conduite, et même la navigation. En plein soleil, l’écran est cependant difficile à lire.

Pas de clé
Le démarrage de la Verge est également particulier, et ne fonctionne évidemment pas avec une clé classique – comme c’est démodé ! – mais avec une carte-clé numérique. De la taille d’une carte bancaire, elle se glisse facilement dans votre poche ou votre portefeuille. Il suffit de la tenir à côté de l’écran d’infodivertissement pour que la TS s’anime silencieusement. Une fois en selle, vous remarquez immédiatement deux choses : le poids est plutôt placé bas et vous cherchez l’endroit où placer vos pieds ?

Conduite sportive ou pèpère ?
En fait, vous avez le choix entre deux positions. Vers l’arrière pour une conduite sportive ou vers l’avant pour la balade. Le choix est laissé à l’appréciation du conducteur. Toutefois, si vous voyagez en duo, vous serai obligé, en tant que pilote, de placer vos pieds à l’avant. Dans ce cas, votre passager utilisera les repose-pieds “sportifs”. Puisque vous aurez tendance à vous la couler douce en duo, nous pouvons imaginer que vous roulerez également en mode “cruiser” toute la journée, ce qui n’est pas une mauvaise idée en soi. Sur les longues lignes droites avec peu de changement de direction, il est plus confortable de mettre les pieds en avant, alors que sur les portions sinueuses, on a envie de sentir la moto entre les genoux. L’alternance reste la solution la plus agréable, et elle permet également d’assouplir le bas du dos.

De la zénitude…
Après les explications techniques du staff Verge, nous sommes invités à démarrer en mode de conduite Zen et non pas immédiatement en Beast. Avec un couple de 1 000 Nm et une conduite sur des routes de campagne avec beaucoup de traces de terre, nous ne pensons pas que ce soit une mauvaise idée. Outre le mode Zen, il est donc possible de choisir entre les modes Range, Beast et Custom. La nomenclature parle d’elle-même, le Custom vous permettant de régler à votre guise la réactivité de la poignée de gaz, la régénération, la vitesse maximale et le couple.

… à autre chose !
Avec un tel moteur électrique, il est extrêmement facile de conduire zen. On n’entend rien, on n’a pas besoin de changer de vitesse, tout se passe tranquillement. Pas de stress, il suffit de profiter du calme et de la tranquillité de la moto. Mais cela, nous le savons déjà depuis le temps que nous testons des motos électriques. Rouler en toute tranquillité, c’est possible. Aujourd’hui, nous voulons savoir à quoi ressemble une puissance de traction de 1 000 Nm sur une moto. L’avantage, c’est qu’il n’est pas nécessaire de rétrograder pour maintenir le régime parfait, il suffit de tourner la poignée de gaz. Et avant même de vous en rendre compte, vous roulez déjà à 150 km/h.

Trois fois plus de freins
Les accélérations sont particulièrement impressionnantes, mais jamais agressives. Les systèmes d’aide à la conduite, comme l’antipatinage, maintiennent le gros pneu arrière en ligne. Ainsi, il n’est pas rare de voir le témoin TCS s’allumer à chaque accélération ou presque. Dans ce processus, la Verge tire sur sa cible comme un projectile, sans flotter ni vaciller. Le grand frein arrière – que l’on actionne avec la main gauche plutôt qu’avec le pied droit – est le bienvenu, car le frein avant a clairement du mal tout seul. Ce n’est pas qu’il soit mauvais, mais il pourrait mordre un peu plus fort. Heureusement, en mode Beast, vous bénéficiez également d’une régénération maximale, ce qui vous permet de conduire avec trois freins. Et ce n’est certainement pas du luxe….

Magnifique, mais…
Là où la Verge TS fait des siennes, c’est au niveau de la direction. C’est en effet… étrange. Les constructeurs de motos ont réussi à rendre presque toutes les motos qu’ils sortent actuellement aussi neutres que possible. Cela nécessite une bonne collaboration entre le cadre, la position du moteur et les suspensions. Quelque chose qui a été perfectionné au cours des dernières décennies. La Verge TS met l’ensemble de cette combinaison sur un autre plan. Le poids plume est déjà une bonne chose, mais le moteur placé dans la roue arrière confère à la direction un caractère très distinct. En virage, on le remarque assez peu, mais en sortie de virage, c’est bizarre.

Perpendiculairement vers le haut
Lorsque vous êtes sur l’angle en virage, et que vous tournez la poignée d’accélérateur, la roue arrière veut revenir à sa position droite en raison de la force centrifuge. Cela donne l’impression que quelqu’un tire l’arrière de la moto perpendiculairement vers le haut. La conséquence est que vous êtes poussé vers l’extérieur du virage. C’est une expérience très particulière, à laquelle il faudra sans doute s’habituer. Du moins, nous l’espérons pour le bien de la marque.

Photos : Thierry Sarasyn
Les + et les –
+ Looks, originalité, accélérations
– Caractère de la direction, freins, prix
Données techniques
MOTEUR
Type: moteur électrique synchronedans la roue arrière
Capacité de la batterie: 20,2 kWh lithium-ion
Charge utile: AC: 3,5 kW (DC: 25 kW)
Temps de charge : AC: 4H30min (DC: 35min jusque 80%)
Autonomie: 350 km
PRESTATIONS
Puissance maximum: 139 ch
Couple maximum: 1.000 Nm
ELECTRONIQUE
Moteur: 4 modes de conduite
Partie-cycle: contrôle de traction
PARTIE-CYCLE
Cadre: en alliage
Suspension avant: fourche inversée
Possibilités de réglage: entièrement réglable
Suspension arrière: monoshock
Possibilités de réglage : entièrement réglable
Débattement av/ar: 120/106 mm
Frein avant: deux disques de 230 mm avec étriers Brembo à 4 pistons et fixation radiale
Frein arrière: un disque de 380 mm avec étrier à 4 pistons
Pneumatique av/ar: 120/70 R17, 240/45 R17
DIMENSIONS
Poids: 245 kg
Empattement: 1.540 mm
Hauteur de selle: 780 mm
Angle de chasse: 20,5°
PRIX
36.880 euros